Passage à l'acte

Michle_rverbel

Michéle Reverbel se définit

comme une "éveilleuse d'écriture"

 

Après avoir passé dix ans à exercer le métier d'écrivain

public, elle a pu mesurer l'importance de l'écriture

Ne lui parlez pas d'atelier d'écriture. Ce n'est pas ce que fait Michèle Reverbel. Elle "ne travaille pas l'écriture", elle offre "une présence d'écriture". Il faut dire qu'après dix ans passés à "faire l'écrivain public", elle a gardé de cette expérience une espèce de propension à provoquer la rencontre avec autrui pour en tirer le meilleur de soi.

Nomade, à la façon des écrivains publics de l'Ancien Régime, ce qui la rend particulièrement atypique dans le métier, elle s'installe avec sa malle dans la rue, dans les bibliothèques, dans les écoles, les cliniques, les hôpitaux psychiatriques bref n'importe où, accompagnée de ses plumes.

Nostalgique d'un passé où la calligraphie comptait sans doute autant que l'art d'écrire ? Pas du tout ... Car la plume n'est qu'un outil. Un outil qui demande pour chaque lettre la répétition du même geste. Pas question de dessiner la lettre de différentes façons comme on peut le faire au stylo bille. La plume s'y oppose et gratte au lieu de glisser sur le papier. du coup on mémorise et on apprend plus facilement

Mais l'utiliser, pour elle, c'est surtout une façon d'aborder l'écriture autrement, d'éveiller chez les plus petits une curiosité pour l'écrit gràce à un objet d'antan et de réveiller chez les plus vieux des souvenirs d'enfance : l'odeur de l'encre et le bruissement de la plume sur le papier.

 

 

UNE HISTOIRE D'ÉMOTION

l'écriture, c'est en effet une histoire d'émotion ... Une émotion d'ailleurs liée souvent à une souffrance, celle d'être évalué, jugé. C'est en cela que la démarche de Michèle Reverbel est originale. Sa vocation n'est pas d'être un censeur, encore moins un correcteur. L'essentiel pour elle est de déclencher le passage à l'écriture et par l'acte, de dévoiler l'intime en chacun de nous. Ce qu'elle recherche c'est permettre à tout un chacun de trouver et d'oser affirmer son écriture personnelle : "Aujourd'hui on impose une écriture universelle alors que chacun demeure par définition un être particulier ..."

Du coup, on créé des blocages. "Le pire de l'exclusion, c'est l'illettrisme. Or, à force de se faire critiquer, juger, la réalité mène à cet état de fait".

 

 

DONNER L'ENVIE

Et l'école dans tout cela ? "Pour apprendre à écrire, l'école est très importante, répond-elle mais ..." car il y a un mais : "... je ferais le parallèle entre la marche et l'écriture ; aujourd'hui on attend d'un enfant qu'il marche le plus tôt possible ... C'est la même chose à l'école, tout va trop vite. Vous rendez-vous compte que l'on demande actuellement à un enfant de 4 ans de savoir écrire son nom ? On ne fait ainsi que le formater ... C'est idiot !". "L'école devrait donner l'envie plutôt que d'imposer".

Car en effet le risque de se retrouver dans la spirale castratrice du jugement est bien là. Sur ce point, la position de Michèle Reverbel n'est pas isolée ; nombre de psychomotriciens et psychologues la rejoignent. Du coup, tant mieux pour ceux qui feront "la rencontre" avec l'enseignant qui saura susciter l'envie d'écrire. Pour les autres, peut-être croiseront_ils sur leur chemin, Michèle Reverbel, qui sait ?

 

ET L'ORTHOGRAPHE ?

Que pense-t-elle des "chats" sur Internet et cette curieuse façon ont les ados communiquent par voie de SMS ? Choquée ? Pas le moins du monde. Et sa réponse en effet tombe sous le sens : "L'acte d'écrire est un acte physique qui engage tout le corps. Tenir la plume ou le portable importe peu." Commettre des fautes d'orthographe ou écrire en phonétique non plus d'ailleurs !

L'important c'est de dire, de transmettre, de communiquer avec justesse.

Sur l'orthographe, Michèle Reverbel a une image favorite qui fait généralement le régal de ses auditeurs : "Les fautes d'orthographe, c'est comme les tâches sur les vêtements. Il ne vous viendrait pas à l'idée de sortir tout nu de peur de tâcher vos habits ? Alors la crainte de faire des fautes ne doit pas vous priver d'écrire. On lave les tâches, on va au pressing. On corrige les fautes avec l'aide de quelqu'un ou avec un dictionnaire, c'est pareil !"

 

MICHELE ET LES BIBLIOTHEQUES

Des bibliothèques, elle en connaît beaucoup dans toute la France : des petites, des grandes, des rurales et des citadines. Il lui arrive de travailler sur des projets au long cours ou bien de venir juste une journée pour impulser une action et créer un déclic auprès des bibliothécaires et des publics. Pour elle, les bibliothèques devraient favoriser l'écriture autant que la lecture. Comment ? "Commencez par créer un coin d'écriture : une table, des beaux papiers, des encres, un tout petit peu de matériel qui donne l'envie de laisser sa trace en toute liberté". Permettre d'écrire, contribuer sans prétention à faire sauter les verrous.

Chiche !

Qu'en pensez-vous ?

Michèle Reverbel sera présente à la médiathèque le mardi 4 novembre 2008 avec une exposition originale de plumes ...



31/07/2008
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